De la même manière, aujourd’hui, des marques et enseignes bénéficient d’un « capital confiance » qui les conduit à prendre, parfois, des distances assez importantes d’avec leur métier de base, leur image comme leur réputation leur permettant de faire du commerce de produits et services dérivés.
Les exemples sont nombreux. Ils illustrent bien une tendance qui ne fera, au cours des quelques années à venir, que se renforcer avec d’une part le commerce électronique qui poursuit son développement mais dans un contexte désormais où les transactions se font sur une base de confiance et, d’autre part, parce que l’on trouve à peu près tout, n’importe où, la question devenue prioritaire étant la logistique alors que d’autres facteurs, dont celui de proximité, sont devenus secondaires.
Ces comptoirs d’antan présentaient cependant des avantages et des inconvénients. Territoire en pays étranger destiné à favoriser le commerce du pays gouvernant ce territoire avec d’autres régions, il participait au développement économique et la création de richesses locales. En revanche, de par leur intérêt commercial, les comptoirs ont souvent fait l'objet d'attaques ou d'invasions, par des puissances concurrentes, cherchant à prendre le contrôle du commerce.
Ces colonies d'exploitation étaient des pays qui prenaient possession de ces comptoirs afin de récupérer les matières premières voire certains produits introuvables comme l'or, le caoutchouc, les épices, … pour les envoyer là où ils étaient recherchés.
Avec la dématérialisation de nos échanges, la libre circulation des personnes et des biens, la désindustrialisation de l’Occident et les effets d’harmonisation et parfois d’unification liés à la globalisation tout comme à la mondialisation, nos entreprises, nos actifs, au sens comptable comme financier du terme, se sont transformés en lieux d’exposition et de vente de tout ce qui peut orner la caverne d’Ali Baba.
La Poste n’a-t-elle pas d’ores et déjà annoncé qu’elle allait vendre de la téléphonie mobile en qualité d’opérateur virtuel ? La même Poste n’a-t-elle pas déjà diversifié largement ses activités en créant la banque postale ?
De même, que le CIC, filiale du Crédit Mutuel, vende de la téléphonie ou des polices d’assurances ne choque pas ou plus et le fait que les compagnies d’assurance aient des places de marchés financiers, agissant comme le ferait une banque, ne choque pas davantage.
Les industriels vendent des services, les commerçants de quartier vendent des produits à la commande et servent de point-relais aux géants de la vente à distance, qu’elle se fasse par voie postale, téléphonique ou par Internet.
En résumé de tout on trouve partout. Et la visite d’une ville, dans un quelconque pays développé, ne vous permettra que de goûter aux vieilles pierres et aux lieux chargés d’histoires, les boutiques et centres commerciaux ne proposant que ce que vous connaissez déjà et que vous pouvez vous procurer, à moindre prix, via les filières du Web et les fameux moteurs de recherche du meilleur prix.
Depuis un certain temps déjà, la FNAC est à vendre. Car l’agitateur, depuis 1954, est confronté à la rude concurrence de la vente par Internet qui demande moins de locaux, moins de personnel, moins de stock et … moins de compétences que le magasin physique où d’ailleurs les produits ne peuvent plus être touchés. Ceux-ci sont en effet systématiquement empaquetés avec leur antivol ou dissimulés au fin fond d’une vitrine dont aucun employé ne semble avoir la clé.
La chaleur des rapports humains a disparu. La valeur ajoutée du conseil pertinent du vendeur qui avait une culture littéraire de nature à vous conseiller en lecture ou une oreille assez fine pour vous conseiller en musique n’est pour nous que d’anciens souvenirs.
Même le commerce des automobiles, avec les mandataires, provoque un « cassage » des prix tel que personne ne s’y retrouve hors le consommateur auquel il reste cependant seulement ses yeux pour pleurer lorsque l’intermédiaire au meilleur prix a fermé boutique ou baissé son rideau. Le service après-vente est devenu le parent pauvre dans tous les domaines.
Evidemment, c’est sur Internet que la folie est de loin la plus grande puisque l’on peut acheter tout ou presque en quelques clics sur des sites comme eBay, Overstock et d’autres encore qui ne sont en réalité que des vitrines de bandes organisées pour fournir ce qui marche au bon moment et aux bonnes personnes.
C’est donc le marketing et lui seul qui désormais régit le commerce de la planète et on ne peut que se désoler de constater que le mal a déjà commencé à frapper aussi le personnel politique dont on ne peut finalement plus vendre que leur image, leurs pouvoirs s’étant dilués sinon délités.
Notre situation a atteint une apogée, un paroxysme qui, par essence même, ne peut être durable. La valeur ajoutée doit revenir là où se créent les produits, les services et les richesses. Il nous appartient à nous, citoyens et à nos élus, nos représentants, d’aller dans le sens de l’édification d’un nouvel ordre qui rende à notre monde l’humanité qui lui fait cruellement défaut.
Bernard Marx